Monologue

Ca y est, c’est fait ; enfin.
Pour la première fois depuis que je suis née, j’ai enfin l’impression d’avoir fait ce que je devais faire depuis toujours ; depuis que je vis, ou tout du moins que j’en ai pris conscience.
Ce sang, mon sang, est là à se répandre sur le sol carrelé de la cuisine alors que je sens toute chaleur et énergie vitale me quitter. Je vais quitter une bonne fois pour toutes mon enveloppe charnelle ; m’envoler et partir vers d’autres « cieux » ; mais ces autres cieux existent-ils ? J’en doute, mas ce qui compte avant tout, c’est que je vais enfin être débarrassée de ce fardeau qu’est la vie. Et tous ceux qui se foutaient de moi, tous ceux qui ne croyaient pas en moi ; tous ceux-là, ils vont voir ! Ils vont voir qui se cache sous la petite mine de Luna et sous airs heureux et joyeux perçant par moment sur son visage, permettant de cacher sa tristesse ! Ils vont voir et ils vont comprendre ! Comprendre qu’ils n’auraient pas dû la descendre ainsi ; comprendre que tout ceci est de leur faute ! Eux qui s’amusaient à rire d’elle, à l’insulter ! Mais pourquoi ont-ils été aussi cruels ? Moi qui croyait en eux, moi qui leur faisait confiance ! Et eux, qu’ont-ils trouvé à faire ? Me tuer ? M’assassiner ? Presque, me dénigrer. Savent-ils la douleur que cela me fait de les entendre calomnier sur mon compte ? Et pourquoi font-ils cela ? Car je ne suis pas comme eux ? Je leur fait peur à cause de ça ? Car je ne suis pas comme eux ? Pour la seule et unique raison que je me démarque des autres ? Parce que je suis bizarre ? Est-ce pour autant une raison pour m’insulter ainsi ? Ais-je donc le droit de vivre, moi, comme tout le monde malgré mes différences ? Suis-je condamné à rester une personne classée « bizarre » jusqu’à la fin de mes jours ? Apparemment oui…

Jusqu’à la fin ces pensées m’auront accompagnées, et jusqu’à la fin elles m’auront détruite.
Ainsi même dans je suis obligée de subir leurs insultes leurs quolibets ? Mais je ne veux pas ! JE NE VEUX PAS ! J’en ai assez d’entendre à longueur de journée des méchancetés, des saloperies sur mon compte ! JE NE VEUX PLUS ! Alors partez, laissez-moi mourir en paix ; et portez ma mort sur la conscience jusqu’à la fin ! Après tout, en comparaison de ce que vous m’avez fait subir, est-ce vraiment un poids ?

Bien, je vais enfin dire un adieu définitif à ce monde.
Donc… a… di… eu…